DENIS SOURDIN. Artiste indépendant.1974
Autodidacte, Denis SOURDIN nous livre des œuvres insolites et éclatantes au graphisme épuré. Ces « applications polymères » puisent sereinement leur structure dans les matériaux industriels de luxe, le plexiglas et l’univers de la signalétique pour nous restituer une iconographie pleine de lumière, esthétique et anthropologique riche de sens et d’humour.
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Intuition
Après une maîtrise de philosophie et un master en ethnométhodologie, Denis Sourdin quitte le monde des idées pour celui de l’entreprise. Après quelques années dans la colorimétrie de luxe, il devient technicien lumière dans le traitement du vitrage. Le procédé technique et l’usage des matières lui plaisent. Il le détourne de son usage purement fonctionnel, et l’expérimente en vue de créer des objets artistiques sur plexiglas. Les différentes propriétés de réflexion, projection, transparence des matières le fascinent, ainsi que leur capacité à se mouvoir sous l’effet de la lumière. Cette capacité de l’œuvre à être changeante interpelle Sourdin sur le sens même de sa création : Une identité en mouvement. La démarche s’impose à lui, élan vers le sensible, qui s’enracine d’un besoin de questionner, de conceptualiser. Il décide de se lancer en tant qu’artiste plasticien en 2006.
Denis Sourdin utilise comme procédé le collage et la découpe, auxquels il associe un graphisme dépouillé en termes de moyen mais riche en termes de sens. Graphisme et technique servent le propos de l’artiste qui interroge cette place. Avec ironie parfois. Son champ d’action s’étend aussi à la photo et au dessin.
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Démarche artistique
« Ma recherche artistique, esthétique et philosophique questionne l’être en ceci qu’il prend forme, qu’il s’incarne et se différencie, puis disparaît. Recherche intuitive et esthétique qui évoque la limite entre sens et non-sens, émotion et indifférence. Je regarde et cherche cette limite qui est frontière et qui fonde émotions et identités, entre l’être et son absence, entre ce qui est soi et ce qui est l’autre, entre ce qui est et ce qui n’est plus, entre ce qui me touche et ce qui m’ennuie. Vie et mort, désir et ennui, se révèlent dans le même flacon, indissolubles. Tenir un univers complexe et contradictoire sur une ligne simple, le sens est là qui sépare l’absolu du vide. Je regarde ce présent en suspens et en torrent, son incarnation et sa disparition. Son moment de rupture qui est aussi le lieu de son expression pure, de sa révélation. Dans la blessure du vivant, je cherche son sens. « Humain, support fini de l’infini. »
Ce regard se manifeste et se dit en lignes claires, épurées, cartographiques, qui ciblent ces frontières, limites à la présence, à l’émotion, manifestant ainsi cette ambiguïté du mouvement vital. Les matières polymères sont utilisées comme support pertinent, en ce qu’elles prennent vie à la lumière et au présent, sans cesse en mouvement, les lignes incarnées sont ainsi captives de la vibration du moment et de la matière qui l’environne.
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La série S.U.C. /Sun.Up.Circle.
Les pictogrammes sont fascinants et résument magnifiquement ma démarche. je me suis laissé prendre par la puissance esthétique et significative de cette signature moderne qu’est la signalétique. L’intention est de faire un point focus sur une représentation signifiante usuelle qui par définition va de soi. Focus qui ouvre les sens en interrogation intuitive sur nos représentations identitaires, transformant le trivial, l’usuel et l’apparent anecdotique en richesse esthétique, en émotion, déploiement d’un sens réinterrogé, plus large et plus ambigu, regard amusé et sincère sur l’apparente évidence. Le pictogramme porte un potentiel émotionnel, poétique, et ludique très puissant que j’aime mettre en valeur.
J’aime encenser, dorer et lustrer la nudité et la brutalité de notre quotidien. C’est bien là l’or.
J’y cherche ainsi l’icône. La puissance et la simplicité de l’iconographie. Elles incarnent richesse et pauvreté, vide et plénitude, gravité et proximité. Elles plaquent de l’ailleurs et du divin dans la matière ou encore révèlent la dignité qui s’y cache, écho et joyaux troublants d’artistes consacrés. Elles transportent, portes sublimes qui ouvrent à une intimité transcendantale furieusement désuète, qui guérissent et accompagnent. Elles sont là, elles guident ma recherche et mon intuition. Je tends vers elles, icônes de la toute puissance blessée, avec la matière de notre quotidien brillant et désenchanté, qui cherche dans son déracinement une respiration. »
Artiste indépendant, Denis Sourdin propose, en plus de ses créations originales, des travaux sur commandes, et réalise des fresques et installations in situ, sur verre et matériaux plastiques .